Textes : Tt3, 1-7 ; Ps22 ; Lc17, 11-19
Tous les dix, n’ont-ils pas été purifiés ? Où sont les neufs autres ?
Jésus se pose cette question à haute voix et les disciples ont été marqués par cette interrogation. Dire merci, Rendre grâce : voilà une chose toute simple qu’on apprend déjà aux enfants. C’est tout le sens de l’Eucharistie : rendre grâce. Chaque dimanche, nous nous rassemblons d’abord pour rendre grâce pour tous les bienfaits de la semaine écoulée et pour louer le Seigneur.
Dans nos relations de tous les jours, nous avons intégré le mot « merci ». Parfois même, nous le disons de manière machinale, sans trop y penser. Pour certains, c’est même une obligation de service : je pense ici à ceux qui travaillent dans la grande distribution. Quand on passe à la caisse, parfois on a l’impression que ce sont des mercis machinales, sans beaucoup de cœur derrière.
Dans ce passage biblique qui nous est rapporté, le bien qui a été fait aux 10 lépreux est un bien immense. La lèpre, à cette époque était une maladie extrêmement grave, plus grave que le covid-19, le Sida ou l’Ebola. Elle abîmait le corps parce que les doigts et les orteils pourrissaient et tombaient. L’espoir de guérison était très mince. On devait se mettre en quarantaine à vie, porter des habits déchirés, garder les cheveux en désordre pour être reconnu de tous et agiter une clochette pour informer les autres de se tenir à distance.
Quand, par chance on était guéri, le lépreux devait aller voir les prêtres qui devaient vérifier qu’il était vraiment guéri. Ensuite ils lui donnaient un certificat de réintégration. C’est pour cela que Jésus dit aux 10 lépreux qui criaient vers lui d’aller se montrer aux prêtres afin qu’ils constatent leur guérison. Nous pouvons reconnaître ici quelque chose de positif : ils ont cru à la parole de Jésus. Ils s’en vont avant même d’avoir vu un signe de guérison. Chemin faisant, voilà qu’ils constatent qu’ils sont guéris. Sur les dix, un seul revient pour dire à Jésus : merci infiniment. Il le fait avec des mots parce qu’il loue Dieu. Il le fait aussi avec des gestes parce qu’il se jette la face contre terre. Jésus le relève et lui dit : vas, ta foi t’a sauvé.
Révéler la grâce de Dieu, c’est ce que Saint Paul rappelle à Tite de proclamer. C’est aussi ce que nous devons faire. Ma vie doit témoigner de ma foi. C’est la façon dont on vit qui interroge les gens et qui témoigne de notre foi. Pour cela, il faut avoir la prière. Même privés de l’Eucharistie par la situation sanitaire, gardons la prière au cœur de notre vie. Par Jésus, nous avons reçu l’Esprit-Saint gratuitement. Grace à sa parole, nous avons eu la révélation du Père plein de miséricorde. A notre tour, il nous donne la mission de révéler le sauveur à nos frères et sœurs par notre douceur, notre amour, notre confiance, et particulièrement en cette période de crise : sortir de la peur et garder confiance.
Amen.
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse Saint-Nicolas de la Hulpe