L’Eglise Saint-Nicolas

Historique

Situation actuelle :

L’édifice a l’aspect d’une église de village en grès calcareux (dit pierre de Gobertange) se dressant sur une colline. Elle se compose d’une tour romano-gothique, haute de 3 étages, ouverte par un arc brisé sur un vaisseau de cinq travées ; celles-ci sont portées par quatre piles cylindriques maçonnées, à bases (partiellement enfoncée dans le sol) et impostes simplement moulurées. Y prennent appui les arcs brisés en rouleau qui forment l’intrados des murs gouttereaux pourvus de fenêtres hautes et couronnés d’un simple larmier à l’extérieur, d’un plafond plat de bois porté sur consoles à l’intérieur.
Cette nef centrale est flanquée de part et d’autre de doubles bas-côtés séparés par des colonnes à chapiteaux carrés au feuillage stylisé Ils sont couronnés de toits à charpente apparente reposant sur des consoles, un toit en bâtière parallèle à celui de la nef centrale pour le premier tandis que le deuxième, le plus éloigné est pourvu de toit transversal à croupe sur chacune des 5 travées. Les murs latéraux sont percés de 10 fenêtres disposées deux par deux. De chaque côté, ces collatéraux s’achèvent sur une abside à chevet plat pour un autel secondaire (celui du côté droit est remplacé par les orgues).
Par un arc triomphal en pierre régulière, on accède au chœur gothique composé d’une travée et d’une abside à 5 pans éclairés de hautes baies et couronné de voûtes en briques sur ogives de pierre. Il est pourvu de deux sacristies tandis qu’un baptistère a trouvé place au côté nord de la tour.
Cette église est le résultat de restaurations nombreuses et de reconstructions d’importances diverses qui se sont succédées au cours des siècles

Origine

Le village de La Hulpe fut propriété exclusive et directe des comtes puis ducs de Brabant et des souverains successifs jusqu’à l’invasion française du pays.
La tradition des messes fondées, perpétuée jusqu’au XXème siècle, reconnaît le duc Henri Ier de Brabant (1190-1235) comme fondateur de l’église Saint-Nicolas.
En 1226, il offre la propriété de l’église de La Hulpe –donc une église terminée au 2e chapitre de chanoines de la collégiale Sts Michel et Gudule à Bruxelles, avec les 2/3 de la dîme sur les terres déjà cultivées et celles à mettre en culture ainsi que 4 manses de terres au hameau de Bakenbosch.

Située aux confins des deux diocèses ecclésiastiques de Cambrai et Liège qui se partageaient les terres de Brabant, bien qu’appartenant à celui de Cambrai, sise sur le chemin reliant Louvain à Nivelles et son abbaye, l’église de La Hulpe présente les caractéristiques des églises médiévales mosanes : Clochertour isolé sur 3 faces, nefs sans transept et abside arrondie, l’ensemble en pierre locale.
Plantée sur une colline au milieu d’un cimetière clos, l’église Saint-Nicolas est à l’origine une simple petite église de campagne en moellons irréguliers.

– La TOUR occidentale massive et carrée est accolée au sud d’une tourelle d’escalier contemporaine donnant accès à l’étage. Le rez-de-chaussée est surmonté d’une voûte d’ogive aux lourdes nervures carrées sur culots ; cette voûte est percée de trous pour laisser passer les cordes des cloches. Le premier étage est constitué d’une unique pièce pavée en 1532, autrefois probablement pourvue d’un plafond de bois supporté par des vestiges de corbeaux ; un deuxième étage semblable devait exister, comportant une ou deux deux ouïes sur chaque côté, juste sous le toit où sont logées les cloches.
Cette tour porte pour seul décor extérieur un simple cordon à hauteur d’homme et des ancres métalliques indiquent la disposition des étages ;elle est percée d’ouvertures variées d’époques diverses, meurtrières, baies en plein cintre tandis que d’autres forment de grands rectangles étroits. Elle fut partiellement reconstruite dans la première moitié du XVIème siècle pour atteindre le niveau actuel.
– La NEF centrale pourvue dès l’origine de bas-côtés (aucune trace de travail en sous-œuvre) a l’aspect qu’elle présente encore actuellement. La porte principale s’ouvrait cependant dans le bascôté nord.
– Le CHOEUR primitif non-connu est remplacé en 1551 par un chœur gothique de dimensions égales, composé d’une travée s’achevant par une abside à cinq pans et éclairé par de hautes verrières lancéolées à 2 lumières. Contreforts saillants rehaussés de cordons entre les baies. Ce chœur sera consacré le 4 juillet 1555 par l’évêque Martinus Cupérus, envoyé de l’évêque de Cambrai. Il comporte une niche-lavabo surmontée d’un tympan trilobé.
Il est voûté d’ogives prenant appui sur des consoles feuillagées. La charpente fut réalisée en 1548-1549 par Antoine Zeghers (84 ans).Elle semble toujours en bon état.

Évolution

La contrée fut parcourue par les troupes de Maximilien Ier d’Autriche (XVème s.), par les troupes iconoclastes du prince d’Orange (XVIème s.), par les armées françaises de Louis XIV, de Louis XV (XVIIème s.) puis celles de la Révolution. L’église ne fut guère épargnée et, suite aux dégâts considérables répétés et l’état déplorable ( par deux fois au moins, les fenêtres seront bouchées avec de la paille !), connut des reconstructions menant à des transformations tant intérieures qu’extérieures. Des conflits ont surgi au sujet des restaurations et travaux avec les décimateurs qui, en 1719 finirent par céder leurs dîmes au curé qui, dès lors, endosse plus de responsabilités dans ce domaine. Les habitants sont eux aussi sollicités pour des réparations.
La date de 1721 visible sur la charpente de la nef rappelle l’installation d’une nouvelle charpente suite aux suppliques adressées par le mayeur puis le mambour de l’église pour la restauration de l’église, qui obtiendront l’un 4 arbres de la forêt de Soignes, l’autre 16. ; certaines parties ont été remplacée lors de la restauration du XXème siècle.

Objet de demandes répétées à partir de 1711au moins, le déplacement de la porte principale sise au milieu du bas-côté nord – en si mauvais état qu’elle laissait passer le vent et la neige – est définitivement fermée en 1751 et remplacée par un portail monumental, percé en sous-œuvre dans le mur occidental de la tour), dans l’axe de l’autel principal. (L’armature de cette porte est originale, les parements de chêne ont été remplacés en 1821 et une seconde fois en 1955).

En 1776-1778, L. FISCO et P.J.EVERAERT sont mandatés pour inspecter l’église. Dès 1789, la tour sera pourvue d’une nouvelle charpente et d’un nouveau toit, une forme plus simple et pyramidale remplaçant l’ancienne toiture avec trémie, le tout sur base de plans de L.FISCO. 30 marches d’escalier sont également remplacées (avec marques d’artisans) et une arcade est construite à l’entrée du chœur.

La république française vend le contenu de l’église le 12 Nivôse An VIII et les paroissiens se cotisent pour racheter les biens mis en vente. Les périodes française puis hollandaise connaissent d’autres passages de troupes et pillages.

De 1836 à 1840, suivant l’avis ancien, repris par l’architecte MOREAU, une restauration importante est exécutée : démolition des nefs latérales avec reconstruction en brique rouge de bas-côtés plus larges, placement d’un toit unique sur les 3 nefs, remplacement du plafond plat de la nef centrale par une voûte masquant l’éclairage des fenêtres hautes et venant prendre appui contre l’arcade du chœur, construction de nouvelles sacristies derrière les absides latérales et agrandissement de bâtiments secondaires adossés au pied de la tour. Des vitraux de Jean-Baptiste CAPRONNIER viennent embellir les baies du chœur et les fenêtres des collatéraux (1867-1869). A la demande de la fabrique d’Église, un nouvelle baie est percée dans le pan central du chœur illustrée du « Repas chez Emmaüs » (1869).

En 1895, la commune décide de fermer le cimetière paroissial, de le désaffecter et d’ouvrir un nouveau cimetière communal au lieu-dit « champ du Ravet »

Au début du XXème siècle, une restauration importante est précédée du classement des parties anciennes de l’édifice : le choeur, la nef et la tour.
Cette restauration plus « archéologique » de J.J. CALUWAERS supprimera la voûte avec restitution d’un toit plat initial réinstaurant l’éclairage. Il remplacera l’arcade entre la nef et le chœur par un imposant arc triomphal en pierre. Les murs seront décapés amenant la découverte des meneaux originaux de la partie basse des baies du chœur et permettant le rétablissement des fenêtres ; l’amplification des vitraux de J.B. Capronnier par intégration de la partie inférieure, (figures des Évangélistes ou grisailles), sera réalisé par Arthur WYBO.
La population ayant doublé, la seule possibilité d’agrandissement de l’église réside dans la largeur – en empiétant sur l’espace de l’ancien cimetière dont le mur devenu inutile est supprimé – ; il consiste en un doublement des bas-côtés couverts de charpentes de bois, dont les murs sont enduits et peints. Durant les travaux, pour optimaliser les moyens de l’exercice du culte, des modifications mineures mais pratiques seront exécutées permettant le passage derrière les autels latéraux, du chœur vers la sacristie d’un côté et vers une pièce secondaire de l’autre. Les vitraux de J.B. Capronnier qui ornaient les bas-côtés sont regroupés deux à deux dans les fenêtres du côté nord, tandis que de nouveaux orneront progressivement le bas côté sud. Ils sont réalisés par LADON de Gand (1908) ,Henri JACOBS, Lucie JACQUES…

La fin de cette restauration sera honorée d’un don des autorités communales qui font placer en 1912 dans la tour, au-dessus du portail central, un grand vitrail figurant le pape Grégoire animant une chorale, œuvre d’Arthur Wybo.

2004 : remplacement d’un autel provisoire en bois, en service depuis le Concile Vatican II, et consécration d’un nouvel autel en pierre de Lens, œuvre de Stéphan Renard.


J.Pirard-Schoutteten , CHIREL BW.
Paroisse Saint-Nicolas.
Journées du Patrimoine 2005