Le mur du fond

Les vitraux  – Le chœur  – Le chœur (suite) –  Le bas-côté nord –  Le mur du fond – Le bas-côté sudPhotos des vitraux

par Jacques Stasser, Président du Cercle d’Histoire de La Hulpe.

Nous voici arrivés au mur du fond où deux vitraux, de style très différents des précédents, surmontent la tombe de Charles Bailly.

Celui de droite représente saint Jacques le Majeur, vénéré à Compostelle (Galice, Espagne), et donc associé aux attributs du pèlerin: le bâton de marche, le chapeau orné de la fameuse coquille saint Jacques ainsi que deux coquilles faisant apparemment partie du vêtement et qui apparaissent sous la manche gauche. Le tombeau de saint Jacques aurait été découvert à Compostelle vers l’an 800.

La tradition de lier la coquille au pèlerinage de Compostelle vient du fait que ceux qui effectuaient la route le faisait souvent en pénitence de quelque chose à se faire pardonner. Or, parmi les pénitences imaginées par les religieux (un peu cruels) de l’endroit, il en était une qui obligeait les pèlerins à avancer tous les jours de quelques centaines de mètres sur les genoux, ce qui était fort douloureux comme bien on le suppose. Ces derniers imaginèrent alors d’utiliser les coquilles, trouvées au bord de mer proche de Compostelle, comme genouillères. Toutefois, cet usage se révéla également douloureux et ne fut pas pratiqué longtemps. La coquille se contenta alors de devenir le symbole du pèlerinage et sa possession démontrait qu’on était bien allé sur place. On ne l’arborait donc qu’au retour.

Le vitrail de gauche nous montre sainte Jeanne de Chantal avec un enfant dans ses bras ainsi que deux autres devant elle, un garçon et une fille, cette dernière tenant une poupée. Le décor de colonnes entourant le personnage principal est identique au vitrail voisin.

Jeanne-Françoise Frémyot, née à Dijon (1572-1641) épouse en 1592 Christophe de Rabutin, baron de Chantal. Ils auront 6 enfants, les deux premiers malheureusement mort-nés. Mais parmi les quatre autres, deux sont à évoquer. Tout d’abord, un fils, Celse-Benigne, né en 1596, qui épousera Marie de Coulanges en 1623 et dont la fille, Marie de Rabutin-Chantal, n’est autre que la marquise de Sévigné, épistolière célèbre, et ensuite Marie-Aimée, née en 1598, qui épouse en 1609 Bernard de Sales, frère de François de Sales, évêque de Genève.
Ce dernier jouera un rôle essentiel dans la vie de Jeanne. En effet, son mari meurt dans un accident de chasse et dès lors, libre de toute charge familiale, elle décide de consacrer sa vie à Dieu et fonde avec François, frère de son beau-fils, l’ordre de la Visitation dont l’activité principale sera la visite et l’aide aux malades.
Ayant élevé une famille nombreuse, Jeanne est représentée avec des enfants et est la sainte patronne des mères de famille.

Pourquoi ces deux vitraux dans notre église?

Ernest-John Solvay, petit-fils de l’inventeur Ernest et donateur de son domaine à l’Etat en 1968, a une sœur prénommée Lucille. Celle-ci épouse le baron Robert Hankar (leur propriété sera acquise plus tard par la société Swift) et le couple a trois filles: Nadine (née en 1921), Nicole (née en 1923) et Josane (née en 1928). Cette dernière épouse Jacques de Castella et, malheureusement, ils décèdent tous les deux dans un accident de voiture à Mol le 12 juillet 1953. C’est en leur souvenir que le baron Hankar a offert ces deux vitraux. Comme Josane est un prénom rare et qu’aucune sainte ne le porte, son choix s’est porté sur Jeanne de Chantal. Les armoiries des deux familles sont illustrées dans le bas des vitraux. Ces derniers ont été réalisés par J. B. Jacobs en 1957 comme indiqué dans le coin inférieur droit des deux verrières.

Nous voici donc arrivés devant les fonts baptismaux dont le fond est orné de trois vitraux formant un ensemble: la Sainte Famille.
En 1226, le duc de Brabant Henri Ier concède au second chapitre de chanoines de Sainte-Gudule à Bruxelles les deux tiers de la dîme de la paroisse Saint-Nicolas, attestant par là même l’existence de notre communauté et de son église. Il est d’ailleurs toujours mentionné comme fondateur de notre église et son règne courut de 1190 à 1235.

En 1230, ce même duc accorde à la commune de La Hulpe une importante charte accordant au village de nombreux privilèges. Bizarrement, on a retenu cette dernière date comme étant celle de la fondation de l’église (alors qu’elle est certainement un peu antérieure) de sorte qu’on a célébré le 725e anniversaire de sa fondation en 1955 et le 750e en 1980!

C’est à l’occasion du 725e, en 1955 donc, qu’on été installé ces vitraux des fonts baptismaux.

Le vitrail de gauche représente la sainte Vierge vêtue de son traditionnel manteau bleu. On peut y lire en tout petit et au bas de l’image « 1230 Fondation de cette église par Henri Ier duc de Brabant ».

Le vitrail central, montrant l’enfant Jésus, a été offert par l’abbé Marcel De Becker, curé de l’époque, comme en atteste l’inscription « Domo dedit M. De Becker pastor 1955 ». Le Christ est surmonté d’une banderole portant l’inscription « Gloria in excelsis Deo ».

Enfin, le vitrail de droite nous montre saint Joseph. Il y est écrit en petits caractères « 725e anniversaire de la fondation de cette église ».

Ces deux vitraux latéraux ont été offerts par la Fabrique d’église. Notez que le toit de la crèche partant du vitrail de la Vierge trouve son prolongement dans le vitrail de Saint-Joseph.

Cette représentation de la sainte Famille trouve naturellement tout à fait sa place dans le baptistère.

Examinons à présent le grand vitrail placé dans la tour. Il est installé là où se trouve le jubé, emplacement autrefois de l’orgue et de la chorale. Il représente donc logiquement un ecclésiastique dirigeant un chœur formé de 5 adultes revêtus de riches manteaux et de 2 enfants. Comme indiqué sur les colonnes latérales, il a été placé en 1912 et exécuté par Arthur Wybo dont nous avons déjà parlé précédemment.

Le personnage principal, assis et dirigeant la chorale de la main droite, porte la tiare aux trois couronnes dorées et surmontées du globe et du crucifix: il s’agit donc d’un pape, en l’occurrence saint Grégoire le Grand (540-604) qui exerça la papauté de 590 à son décès. Sa place au jubé se justifie puisqu’on lui doit les chants « grégoriens ». Le vitrail  a été exécuté en 1912 par Arthur Wybo dont nous avons déjà parlé.

On lui attribua la codification du chant grégorien d’où la justification de sa présence à cet endroit. Il tient de la main gauche une partition sur laquelle on distingue le mot « Resurrexi ».

La chorale est accompagnée à l’arrière-plan par un organiste qui joue une partition sur laquelle on peut lire « Dominica resur… ». Si on regarde attentivement celle-ci (il faut monter au jubé!), on remarque qu’il s’agit de la même partition que celle du pape! Détail logique auquel l’artiste a été attentif!

Les deux angelots au-dessus de l’orgue présentent un regard qui laisse à penser qu’ils sont sensibles et bercés par la musique…

Il y a encore deux angelots de part et d’autre du support.

Nous sommes ici en présence du vitrail de l’église montrant le plus de personnages (9 sans compter les anges).

Le premier vitrail que nous voyons ensuite surmonte la plaque commémorative à la mémoire de Paul Nève.

Il représente Marie Médiatrice qui pose traditionnellement les pieds sur une mappemonde, ici stylisée. L’église a voulu mettre en évidence les qualités de médiatrice de Marie dont les Evangiles nous montrent, dès les noces de Cana, combien elle a le don d’intercéder auprès du Seigneur.

Elle est ici représentée les mains jointes et vêtue d’un manteau doré. Sa tête est surmontée d’une colombe aux ailes déployées.
A ses pieds est agenouillé un angelot vêtu d’un manteau vert et aux ailes rouges

Ce vitrail est l’oeuvre d’Henry Jacobs. Il a été offert par Jacques Solvay (vers 1959-1960) à la mémoire de sa maman Marie Graux, épouse d’Ernest-John Solvay, décédée en 1955.

Malheureusement, ses couleurs peu chatoyantes ne le classent pas parmi les plus beaux vitraux de l’église.

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A ses côtés, d’une facture beaucoup plus moderne de par ses formes anguleuses (et bien que contemporaine du précédent) nous découvrons, comme mentionné au bas du vitrail, saint Philippe.
La couleur dominante du vitrail est le bleu et Philippe porte un manteau rouge. Il tient de la main droite un bâton cruciforme, sa représentation traditionnelle, pour rappeler qu’il est mort crucifié.
Il est surmonté d’un aigle et à ses pieds se trouvent les armoiries de la famille de Selliers. En effet, ce vitrail est dédié à la mémoire de Philippe de Selliers.

On se rappelle que, dans le bas-côté nord, jouxtant les fonts baptismaux, se trouvent les deux vitraux représentant sainte Jeanne de Chantal et saint Jacques offerts par le baron Robert Hankar à la mémoire de sa fille Josiane et de son beau-fils Jacques de Castella décédés tous deux dans un accident de voiture. Le baron était également père de deux autres filles, Nicole et Nadine, cette dernière étant l’épouse de Philippe de Selliers, né le 11 novembre 1915 à La Hulpe. Nadine a offert ce vitrail en souvenir de son mari mort dans un accident d’avion le 18 janvier 1958.

L’aigle représenté évoque vraisemblablement l’aviation.
La famille avait l’habitude de passer les fêtes de Noël et de fin d’année à Courchevel et Philippe de Selliers la rejoignait pour le week-end dans l’avion de tourisme qu’il pilotait. Ce samedi 18 janvier 1958, il quitte donc Melsbroek pour rejoindre Genève et retrouver les siens. La météo est exécrable, il neige et il y a du brouillard mais l’aéroport de Genève est ouvert et, de plus, on lui communique qu’il n’y a pas de problèmes pour un petit avion de tourisme. Cependant, contre toute attente, à l’approche de Genève, on le déroute vers Sion.
Malheureusement, il s’égare et, ne voyant rien, il percute une lisière de forêt à proximité de Lausanne et décède sur le coup.

Le vitrail évoquant sa mémoire est offert par son épouse Nadine en 1959 et est réalisé, comme indiqué dans le coin inférieur gauche, par J. Colpar.

Les deux derniers vitraux du fond du bas-côté sud.

Le premier nous montre un prêtre en soutane, à genoux, un chapelet sous le manteau et regardant avec dévotion une Vierge tenant l’enfant Jésus dans les bras.
Dans le haut du vitrail sont symbolisés trois anges, représentés seulement par un visage ailé.

Il s’agit de saint Louis-Marie Grignon de Montfort, né le 31 janvier 1673 à Montfort en Bretagne et décédé le 28 avril 1716 à Saint Laurent sur Sèvre.
Issu d’une famille de 18 enfants, Louis-Marie est ordonné prêtre en 1700 et passera l’essentiel de son apostolat à évangéliser la Bretagne. Il fonde deux congrégations: la Compagnie de Marie (Pères montfortains) et les Frères de l’Instruction chrétienne de Saint Gabriel.

En 1712, il publie son ouvrage le plus important: Traité de la vraie dévotion à la Vierge. Son message est qu’il est essentiel pour un chrétien de s’abandonner totalement à la Vierge car sa qualité de médiatrice auprès de Dieu est unanimement reconnue et celui-ci ne peut qu’accepter les demandes émanant de Marie. Cette dévotion à la Vierge est le trait dominant de la vie de Louis-Marie Grignon et c’est ce que l’artiste (J. Colpar) a voulu représenter dans ce vitrail offert en 1959 par une paroissienne, Madame Tempelaere.

Louis-Marie Grignon de Montfort a été canonisé le 20 juillet 1947. De tous les saints représentés dans les vitraux de l’église, c’est celui dont la canonisation est la plus récente. Ce vitrail présente une caractéristique si pas unique certainement très rare: l’église qui le contient est illustrée dans le coin inférieur droit. On peut en effet reconnaître sans aucune hésitation l’église Saint-Nicolas de La Hulpe ainsi que plusieurs maisons de la place. Je suis convaincu que la plupart des habitants de ces maisons ignorent que leur demeure est représentée dans l’église!

Le vitrail suivant nous montre également un prêtre tenant son chapeau de la main gauche et indiquant le ciel de la main droite. Il est en conversation avec un jeune berger tenant un bâton de la main gauche.

Il s’agit de saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars né à Dardilly (près de Lyon) le 8 mai 1786 et décédé à Ars le 4 août 1859 après y avoir été curé pendant 41 ans. Divers événements durant sa jeunesse l’ayant empêché de suivre une scolarisation régulière, c’est assez peu instruit qu’il sera finalement ordonné prêtre le 13 août 1815. Il entamera son sacerdoce comme vicaire à Ecully. En 1818, il est nommé chapelain d’Ars, village de 200 habitants, situé dans le département de l’Ain. Il compense sa relative faible instruction par une grande éloquence lors de ses sermons ainsi que par une vie marquée par la charité et une grande austérité, ne mangeant presque pas et distribuant tous ses avoirs et les dons qu’il recevait aux plus pauvres.

Sa réputation grandit rapidement, la pratique religieuse locale s’accrut et on ne tarda pas à lui attribuer des miracles qui finirent par donner lieu au « Pèlerinage d’Ars ». Il se disait également victimes de « diableries », Satan venant le persécuter durant la nuit. Il est canonisé en 1925 et le pape Pie XI le nomme patron de tous les curés en 1929.

Ce vitrail a été offert fin des années 1950 par Monsieur et Madame Genicot qui avaient une grande dévotion pour le curé d’Ars, paroisse où ils s’étaient rendus à plusieurs reprises en pèlerinage avec leurs enfants qui me l’ont relaté. Il a été exécuté par Lucie Jacques, amie de Madame Genicot.

Le vitrail représente une scène bien connue de la vie du curé d’Ars.

Nommé chapelain d’Ars en 1818 (il en deviendra le curé en 1821), il quitte Ecully pour parcourir à pied les 32 km qui le séparent d’Ars. Mais le soir tombe ainsi que le brouillard et Jean-Marie Vianney n’est plus très certain d’être sur la bonne route. Il croise alors Antoine Givre, un jeune berger à qui il demande son chemin. Celui-ci le lui indique et le curé lui répond: « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ». Et il joint le geste à la parole comme nous le montre le vitrail.

L’église esquissée en haut du vitrail à droite est peut-être (sans certitude) celle d’Ars, but de son voyage.