Textes : (Phm 7-20); Ps145 (146) ; Lc17, 20-25
En ce temps-là, comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Puis il dit aux disciples : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. »
Frères et Sœurs, la parole de l’évangile de ce jour est à replacer dans le contexte de la fin d’une année liturgique. Nous approchons de la célébration de la fête de Christ Roi de l’univers qui clôture notre année. Les lectures portent alors sur le sens de la Royauté de Jésus et aussi sur le temps de la fin. Et la question de savoir « quand viendrait le règne de Dieu ? » rentre dans cette logique de la fin. Même si dans l’évangile de ce jour la question est posée seulement par les pharisiens, elle demeure cependant une question que chacun de nous se pose au fond de lui-même. Car nous savons que le règne de Dieu rime avec le bonheur que Dieu propose à l’homme. C’est pourquoi chacun de nous souhaite se rapprocher de ce règne de Dieu.
Jésus lui-même dans les évangiles synoptiques ( Matthieu, Marc et Luc) donne pleins de paraboles par lesquels Il fait part de sa façon de concevoir le Règne de Dieu. Il y en a une soixantaine, mais Il n’a jamais donné une définition du Règne de Dieu qui est un sujet si vaste qu’il n’est pas possible de le cerner dans une seule comparaison. Le Règne de Dieu se présente un peu comme un diamant aux multiples facettes et chaque parabole éclaire une de ces facettes de ce Règne de Dieu.
D’où la première question qu’il importe à se poser soi-même : que signifie pour moi le règne de Dieu ? Chacun de nous pourrait y apporter plusieurs réponses.
A ce sujet, l’autre jour en sortant d’une bouche de métro quelqu’un distribuait un dépliant qui assurait du bonheur à peu près en ces termes, le « Retour de l’être aimé, résoudre les difficultés dans le couple, chance, réussite dans les affaires, désenvoutement, retrait de mauvais sorts, protection contre les dangers, protection de votre domicile, de vos amis, de votre famille, tous les problèmes que vous avez seront résolus entre trois à sept jours. PS : Satisfaction totale et assurée! »
Ce qu’il convient de retenir quelque soit le contenu que nous donnons au Règne de Dieu c’est la réponse que Jésus donne aujourd’hui qui devrait éveiller notre attention. « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Le règne de Dieu est donc au milieu de nous par la présence de Jésus. Car dès le début de l’humanité, l’homme a laissé s’installer dans son cœur la méfiance dans sa relation à Dieu. Il s’est mis à douter que son vrai bonheur puisse se trouver dans sa relation à Dieu. Un doute, une méfiance qui depuis lors n’a cessé d’habiter le cœur d l’homme.
Suite à ce début, toute l’histoire du peuple élu se résume en une espérance qui disait que Jahvé viendrait établir un règne de paix, à la fois de caractère politique et religieux.
C’est cette même espérance qui vivait dans le cœur des contemporains de Jésus lorsqu’il inaugurait sa mission en Palestine. Mais bien vite, les gens vont comprendre que le Règne de Dieu dont parlait Jésus tout le temps n’était pas lié à un lieu spécifique ou à un pays, mais concernait la relation spirituelle entre Dieu et les hommes. « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. » Voilà que Dieu lui-même est venu parmi nous en Jésus qui était un homme comme nous et en même temps Fils de Dieu. En lui, le Royaume de Dieu était déjà présent. C’est là le premier message qui se dégage de cette rencontre entre Jésus et les pharisiens.
Le deuxième message qui se dégage de la réponse de Jésus est un appel à notre propre responsabilité pour construire ce Règne dans la confiance en Jésus. Le Règne est cette réalité spirituelle qui transforme la réalité matérielle dans laquelle nous vivons. Accueillir ce don de Dieu nous permet d’œuvrer en chrétiens et de rendre présent le Royaume parmi nous. C’est ce que nous a rappelé le pape François dans les catéchèses « Guérir le monde » des audiences pontificales des mois d’août et septembre et dont voici un extrait :
« C’est pourquoi nous devons garder notre regard solidement fixé sur Jésus et avec cette foi embrasser l’espérance du Royaume de Dieu que Jésus lui-même nous apporte. Un Royaume de guérison et de salut qui est déjà présent parmi nous. Un Royaume de justice et de paix qui se manifeste à travers des œuvres de charité, qui à leur tour accroissent l’espérance et renforcent la foi. Dans la tradition chrétienne, foi, espérance et charité sont bien davantage que des sentiments ou des attitudes. Ce sont des vertus qui nous sont communiquées par la grâce de l’Esprit Saint : des dons qui nous guérissent et qui nous rendent guérisseurs, des dons qui nous ouvrent à des horizons nouveaux, même quand nous naviguons dans les eaux difficiles de notre temps. »
(Audience du pape François, 5 août 2020)
L’évangile nous invite aujourd’hui, surtout en cette période de confinement, à prendre un moment pour rendre le Royaume présent parmi nous par le biais d’un geste porteur de foi, d’espérance et de charité qui nous sont donnés par l’Esprit ?