Textes : Ac116, 11-15 ; Ps149 ; Jn15, 26—16,4
Après avoir préparé ses disciples pendant trois ans à la mission qu’il leur confiera, l’heure vient où Jésus doit se séparer d’eux et retourner vers son Père. Dans son dernier entretien avant sa mort, il prend le temps de leur dire comment il va continuer à agir avec eux autrement. Il leur promet l’envoi de l’Esprit-Saint qui aura pour mission de lui rendre témoignage, de les consoler dans leurs détresses, de les conduire dans la vérité tout entière et de leur dire les choses concernant l’avenir.
Il ne leur cache pas ce qui leur arrivera : l’exclusion des synagogues et même la mise à mort. Les apôtres sont prévenus pour ne pas être scandalisés le moment venu. Le premier scandale n’était pas loin (dans le temps), ce sera sa propre croix. Les disciples d’Emmaüs ont exprimé leur désarroi qui montre quelle désolation les apôtres auraient pu avoir s’ils n’avaient pas été prévenus. Rentrant chez eux le soir du jour de la résurrection, ces disciples expliquent à la personne qui les rejoint, l’immense espoir qu’ils avaient placé dans cet homme Jésus, mais qui a été arrêté, jugé puis crucifié et ça faisait trois jours (Lc21, 24).
Les apôtres seront guidés par l’Esprit-Saint après le départ de Jésus. Le jour de la pentecôte, il s’est manifesté sous des langues de feu et leur a donné de parler en langues si bien que tous les pèlerins venus à Jérusalem de plusieurs régions différentes, les entendaient proclamer les mystères de Dieu dans leurs langues.
Venant de Derbe et de Lystre, Paul et ses compagnons dont Luc (auteur du livre des actes des apôtres et d’un des quatre évangiles), ils vont traverser plusieurs régions : la Phrygie, le pays de Galatie, la Mysie, Troas, Samothrace et Néapolis jusqu’à Philippes où ils vont évangéliser sur une plage. Ils pensaient trouver un lieu de prière prêt d’une rivière et voilà que Lydie, une femme païenne de Thyatire avait été préparée par le Seigneur pour recevoir le baptême et toute sa maison.
Dans tout ce périple, c’est sous la conduite de l’Esprit-Saint qu’ils ont marché. Ils ont abandonné des directions qu’ils auraient suivi intuitivement pour aller dans le sens indiquée par l’Esprit-Saint. Nous nous reconnaissons probablement dans ce que nous dit saint Luc, quand parfois, il y a un chemin tout tracé que nous laissons, parce qu’une voix intérieure nous dit de ne pas l’emprunter.
Dans la mission des apôtres, ce ne sera pas toujours un accueil bienveillant, comme ils l’ont reçu chez Lydie et dans d’autres contrées. Ce sera par moments, plutôt la persécution. Tout chrétien doit s’y préparer, ça fait partie du témoignage pour Jésus.
Je pense aux martyrs de la fraternité du petit séminaire de Buta (Burundi) où j’ai travaillé entre 1996-1998. Le 30 avril 1997, une attaque de rebelles s’est abattue sur l’école très tôt le matin avant le lever du jour. Ceux-ci ont demandé aux élèves de se séparer, ceux d’une ethnie d’un côté et ceux d’une autre de l’autre. Les élèves ont refusé cette injonction disant qu’ils sont tous des frères. Quarante d’entre eux vont y perdre la vie à coups de balles et de grenades. On les nommera : les martyrs de la fraternité.
Comment de jeunes élèves âgés de 12 ans à 19 ans ont-ils pu rester solidaire et préférer mourir ensemble au nom de leur foi ? Une semaine avant le massacre une classe avait fait une retraite dans un foyer de charité et les élèves étaient revenus transfigurés par les enseignements qu’ils avaient reçus. Ils ont encouragé les autres à préférer la mort plutôt que se séparer.
Comme Lydie avait été préparé par le Seigneur pour accueillir la parole de Paul, ces élèves avaient, eux aussi été préparés pour affronter le témoignage suprême : le martyr. Disposer son cœur comme une bonne terre, c’est ce que nous devons essayer de faire pour que la parole de Dieu porte des fruits en nous. Amen.
Un reportage sur les martyrs de Buta : https://www.youtube.com/watch?v=aHdDBJ-fYpQ
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse saint Nicolas de la Hulpe
Paroisse Saint-Nicolas La Hulpe 