Textes : Ac11, 19-26 Ps86(87) ; Jn10, 22-30
« Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? ». Le messie, c’est-à-dire l’«oint» est celui que des prophètes avaient annoncé. Il devait être de la descendance de David et il viendrait inaugurer un temps de paix et de bonheur éternel pour la nation d’Israël ainsi que ceux qui croiraient en lui. Dans les siècles qui précèdent la venue de Jésus, des écrits exprimaient aussi une attente spirituelle (pas seulement temporelle), parlant de la venue du règne de Dieu (Dn7,14 ; Is 52,13 – 53,12). L’attente était donc très grande et les enseignements et les œuvres que faisaient Jésus laissaient penser qu’il était peut-être le Messie qui devait venir.
Ces Juifs n’ont pas été les seuls à se poser cette question. Jean-Baptiste qui était supposé le reconnaître, pendant qu’il était en prison, envoie une délégation de ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? (Mt11, 3) ». La réponse qu’il leur donne est quelque peu semblable à ce qu’il dit aux Juifs qui lui demandent de dire ouvertement si c’est lui le Messie. Il parle des œuvres qu’il fait au nom de son Père et aux disciples de Jean il leur dit de juger par eux-mêmes : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Mt11, 4-5). Les disciples d’Emmaüs rentrant chez eux déçus exprimaient, eux aussi leur désarroi qu’en celui auquel ils avaient reconnu le libérateur d’Israël, et donc le Messie, les autorités civiles et religieuses l’avaient exécuté (Lc24, 20-21).
Si Jésus laisse à certains de ses interlocuteurs le soin de discerner, tout en leur donnant des faits à interpréter (Jean-Baptiste, les Juifs qui veulent qu’il dise ouvertement qui il est, le docteur nicodème, etc.) ; à des privilégiés, souvent des gens simples qui connaissent peu l’Ecriture, il s’est révélé sans leur donner un exercice impossible pour eux. Ainsi, à l’aveugle-né qu’il avait guéri et qu’on avait chassé du temple, il lui révèle qu’il est le Fils de l’homme : « Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c’est lui (Jn9, 37). A la samaritaine que Jésus rencontre au bord du puit et qui lui dit que quand le Messie viendra il annoncera tout, Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle (Jn4, 25-26)».
Comment reconnaître Jésus sinon en étant à son écoute comme il le dit à ces Juifs qui ne croyaient pas en lui. Savoir écouter, voilà ce qui dispose à la reconnaissance de Jésus.
L’église naissante d’Antioche voit le nombre de croyants augmenter tant parmi les Juifs que parmi les païens. Ce mouvement est aux antipodes de ceux à qui Jésus montre les œuvres qu’il fait et renvoie à l’Ecriture sans qu’ils se convertissent.
L’adhésion à Jésus a connu des hauts et des bas. Les disciples arrivés à Antioche s’étaient dispersés à cause de la persécution et à la suite du martyr d’Etienne.
Qu’en est-il aujourd’hui ? C’est la même situation apparemment. Il y en a qui croient, il y a qui doutent et ceux qui ne croient pas. Il nous arrive peut-être aussi de ne pas reconnaître les signes de Dieu dans nos vies.
Nous ne pouvons pas attendre le même événement de l’élévation sur la croix (ce que Jésus disait à ceux qui ne croyaient pas en lui (Jn8, 28)) pour croire, mais peut-être que d’autres événements pourront amener ceux qui doutent à la foi.
Pouvons-nous espérer que la situation du Covid-19 conduira certains à la foi en Jésus ?
Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à être plus à l’écoute et à reconnaître Sa présence et Ses signes de manière que nous puissions devenir de vrais témoins de Son Amour.
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse saint Nicolas de la Hulpe