Textes : Ac1, 11-18 ; Ps41&42 ; Jn10, 11-18
Pasteur, berger, brebis, troupeau, etc. des métaphores qui ne parlent pas à tout le monde aujourd’hui, surtout à ceux qui ne sont pas du monde rural. Avant que ce monde ne devienne moderne et même post-moderne, il était d’abord rural et artisanal.
L’Ancien Testament comme le Nouveau appartiennent à ce monde rural. Ainsi, des images de la bible s’inspirent des champs et des animaux, domestiques (brebis, ânes…) et sauvages (loups, lions …).
Jésus se présente comme le bon pasteur ou le bon berger, dans un contexte de polémique grandissante : parce qu’il guérit le jour du sabbat, parce qu’il dit qu’il faut manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie, parce qu’il affirmait que Dieu était son Père, etc. Les chefs religieux voyaient en lui un imposteur à faire disparaître.
Des pasteurs, Israël en avait connu ; mais tous n’avaient pas bien guidé leur peuple. Ezechiel et bien d’autres prophètes ont dénoncé ces bergers-là. « Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissaient eux-mêmes ! Les pasteurs ne devaient-ils pas paître le troupeau ? Vous avez mangé la graisse, vous vous êtes vêtus avec la laine, vous avez tué ce qui était gras, vous n’avez point fait paître les brebis.… Ez34, 1-3 ».
A la fin d’un réquisitoire sévère, Dieu décide de prendre en main la garde et le soin de son troupeau (Ez34, 11-16). Il promet d’envoyer un seul pasteur : « J’établirai sur elles un seul pasteur, qui les fera paître » v.23.
Malgré les déceptions, Dieu a établi régulièrement des pasteurs, parfois indignes. Jésus également, au moment de son départ, il a confié ses brebis à Pierre et aux apôtres pour rassembler aux delà des frontières d’Israël : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples, …. (Mt 28, 19) ».
Il s’agit-là des autres brebis qui n’étaient pas dans la première bergerie (Israël), pour qu’il n’y ait qu’un seul troupeau. Ce projet a commencé à se réaliser comme nous le voyons dans les actes des apôtres, quand Pierre accueille le centurion romain Corneille et toute sa famille et qu’il arrive à convaincre les frères juifs qui ne comprenaient pas comment des non-juifs pouvaient devenir chrétiens.
Le projet d’unité n’est pas encore achevé, mais à travers l’œcuménisme, il y a ce mouvement qui peine à se concrétiser, néanmoins est en marche. On peut se demander comment pourront se rapprocher chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindouistes, shintoïstes, etc. Ce sera l’œuvre du Saint-Esprit comme il a accompagné l’action des apôtres au début de l’Eglise. Jésus a prié pour cela : « afin qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn17, 22) » et il a promis d’accompagner ceux qu’il a envoyé jusqu’à la fin du monde.
L’éloignement des uns et des autres peut nous sembler énorme, les tensions au sein mêmes de chaque religion (comme par exemple entre chiites et sunnites) peuvent nous apparaître si fortes que nous pouvons douter de la réalisation de cette « utopie » de Jésus. Cependant, s’il a vaincu la mort qui est le grand ennemi par excellence. S’il a pu reprendre sa vie, n’est-ce pas que l’unité du troupeau se fera aussi ?
Les pasteurs, ce ne sont pas seulement ceux qui sont à la tête des religions, ce sont également ceux qui sont à la tête des nations et certains d’entre eux se revendiquent comme tel. Déjà avant le covid-19 il y avait une précarité grandissante, maintenant elle risque d’être galopante. Comment alors devenir un bon pasteur pour le temps que nous vivons et pour les mois et les années à venir ?
Le Seigneur continue à faire confiance à des bergers salariés, feront-ils plus que des mercenaires ?
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse saint Nicolas de la Hulpe