Texte : Gn3, 9-15. 20 ; Ps 86 (87) ; Jn19, 25-34
A un moment où peu de personnes et peut-être personne (Jésus sur la croix) ne penserait à autre chose qu’à sa douleur, une chose étonnante : Jésus a encore le courage de s’adresse à sa mère et au disciple bien-aimé.
Aussi, quelle force d’âme pour les trois femmes de rester jusqu’au bout aux côtés de Jésus torturé par la croix ! Quelle audace pour Jean de rester auprès de la croix de Jésus quand tous ses confrères ont pris la fuite ! Il n’y a que la force de l’amour à toute épreuve qui peut vaincre une telle dévastation.
Quand Jésus confie à sa mère le disciple Jean : « femme voici ton fils » et à celui-ci, sa mère : « voici ta mère » ; il crée un lien singulier et en même tant universel.
Le lien singulier va permettre à ces deux personnes qui ont partagé tellement de choses avec Jésus de se soutenir mutuellement, de rester debout car le risque de s’effondrer était là. Au moment de l’Ascension, Marie va devenir la mère de tous les disciples enfin retrouvés depuis la résurrection. Elle va attendre avec eux la venue de l’Esprit-Saint, persévérants dans la prière.
Nous pouvons imaginer cette communauté de disciples que Marie connaissait certainement, parce que c’était les compagnons de son Fils. Elle les avait probablement déjà reçus chez elle pendant les trois années où ils sillonnaient le pays avec son fils. Ils reconnaissaient à leur tour en Marie une maman de leur maître sur qui ils devaient veiller avec soin d’autant plus que Jésus avait confié à Jean sa maman et vive versa.
L’œuvre de son fils étant prolongé par les disciples, comment Marie ne pouvait-elle pas les soutenir ? Les moments privilégiés qu’ils ont passé avec elle leur ont permis d’apprendre plus que ce qu’ils connaissaient de Jésus. Il y a des épisodes de la vie de Jésus que nous n’aurions peut-être pas pu connaître sans cette proximité de Marie avec les disciples de Jésus. Elle leur a fait part de tout ce qu’ils ne connaissaient pas, de ce qu’elle a médité dans son cœur.
Donnée au disciple Jean comme maman, Marie est devenue maman de tous les disciples et donc de tous les chrétiens et de l’Eglise puisque chaque chrétien est disciple en mission. Si le pape François a décidé que la mémoire de la bienheureuse vierge Marie, Mère de l’Eglise, soit inscrite dans le Calendrier Romain le lundi de la Pentecôte, et célébrée chaque année, saint Augustin et saint Léon considéraient déjà Marie comme « la mère des membres du christ ». C’est au Concile Vatican II que remonte le titre de « Mère de l’Eglise ».
Marie est notre maman, depuis que Jésus lui a confié le disciple Jean. L’’Eglise a pris du temps à réaliser ce don. Est-ce que nous, en tant que personne singulière nous avons déjà pris conscience de notre appartenance filiale à Marie ? En témoigne les divers niveaux de la dévotion mariale des chrétiens.
Que cette célébration de Marie, Mère de l’Eglise et notre mère soit l’occasion de nous rendre compte de la chance que nous avons d’avoir une autre maman, celle qui est déjà auprès de Dieu et qui intercède pour nous.
Amen.
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse saint Nicolas de la Hulpe