Lectures : Ac1, 12-14 ; Ps26 ; 1 P4, 13-16 ; Jn17, 1-11a
Après le départ de Jésus, les disciples se rassemblent dans la chambre haute avec Marie et quelques femmes. Que font-ils ? : Ils prient. Ils demeuraient unanimement dans la prière.
C’est aussi la prière qui est évoquée dans l’évangile, la prière ultime de Jésus avant son arrestation, son jugement et sa condamnation. Le jeudi Saint est un jour d’une intensité inouïe. Parmi les activités que Jésus a faites pendant 3 ans, saint Jean a rapporté 4 chapitres se rapportant à un seul jour sur les 21 qui constituent son évangile. On pourrait dire qu’en 1 jour il a accompli le 1/5ème de toute son activité.
Jésus livre son testament à ses disciples. La première chose qu’il leur dit, c’est de s’aimer les uns les autres comme il les a aimés. « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ensuite, il leur révèle qu’il va les quitter, mais qu’ils n’ont à avoir peur, qu’il va leur envoyer l’Esprit-Saint et que l’autre chose qui compte c’est qu’ils croient en lui. Il les avertit que le monde ne sera pas toujours tendre avec eux, qu’ils seront persécutés, mais qu’ils n’ont rien à craindre. S’ils sont trainés devant la justice, l’Esprit-Saint leur donnera les mots justes pour se défendre le moment voulu.
Pour clôturer cet entretien ultime, Jésus confie ses disciples à Dieu à travers cette longue prière que nous avons entendue (ou lue). Nous pouvons remarquer ici cette attitude corporelle de Jésus dans des moments graves : presque à tous les coups qu’il accomplit un miracle, il lève les yeux loue son Père, rend grâce avant d’opérer le miracle. Ce qu’il fait, il ne le fait pas tout seul, il le fait en communion avec le Père, il reconnaît que ce pouvoir lui vient du Père.
Quand nous voyons les stars de tennis ou de football regarder le ciel, sont-ils dans l’action de grâce ?
En ce moment ultime, Jésus parle de l’heure. De quelle heure s’agit-il ? Depuis le premier miracle de Cana, Jésus a parlé de l’heure, son heure qui n’était pas encore venue. Avant sa mort, il dit que l’heure est venue. C’est comme si ce moment fatidique était attendu depuis longtemps. Jésus se savait investi d’une mission qui devait s’accomplir un jour. Jésus avait du mal à accepter certaines demandes, en disant : « l’heure n’est pas encore venue ». Il y a un temps pour tout comme dit l’ecclésiaste, il y a un temps pour planter et un temps pour récolter.
Son heure, c’est l’heure de la glorification : Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. La Gloire de Jésus n’a rien à voir avec la gloire des hommes. Pour les hommes, c’est la beauté, la richesse, l’écart par rapport aux gens simples, montrer qu’on est supérieur aux autres. Pour Jésus, c’est accomplir un acte d’amour quel que soit le prix et ici le prix le plus lourd : mourir pour les hommes afin qu’ils soient sauvés. Le désir de Jésus, c’est que tous les hommes aient la vie éternelle. Et avoir la vie éternelle, c’est connaitre Dieu et celui qu’il a envoyé, Jésus le Christ.
C’est pour cette mission qu’il a été envoyé et c’est au terme de cette mission qu’il s’adresse au Père pour lui faire un bilan en quelque sorte. « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner ».
Sa mission est terminée, mais il entrevoit que la continuité ne sera pas aisée. Ses disciples seront haïs et persécutés. Il prie alors le Père pour qu’il les protège. Il prie pour l’unité des croyants parce qu’il entrevoit qu’il pourra y avoir des divisions. Il les a protégés quand il était avec eux, mais après son départ, il faudra bien qu’ils trouvent un rempart.
Jésus a prié pour ses disciples, mais pas seulement, il a prié aussi pour tous ceux qui croiront en son nom. Il a prié pour chacun d’entre nous. Nous sommes aussi les héritiers de cette prière de Jésus, il nous a confié à son Père avant même que nous soyons nés. C’est formidable que nous puissions nous rendre compte que Jésus nous a aimés avant notre naissance : un peu comme des parents qui se préparent pour une naissance, qui achètent déjà des vêtements, aménagent le berceau.
Ce qu’il a demandé à son Père, c’est ce qu’il demande pour nous : sa gloire, l’unité, la vie éternelle, pouvoir contempler la gloire du Père, l’amour même qui existe entre le Père et le Fils.
Chers frères et sœurs, voilà le désir profond de Jésus : que nous soyons unis les uns les autres, que nous manifestions de l’amour les uns pour les autres.
Demandons-lui sa grâce sans laquelle nous ne saurons pas surmonter certains obstacles. Que la force de l’Esprit Saint nous aide à pardonner même quand nous avons été trahis. Que sa force nous permette de surmonter nos antipathies et nos différences.
Amen.
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse saint Nicolas de la Hulpe