
Vivre la Semaine Sainte en confinement
J’ai toujours aimé ce rythme de la semaine Sainte, cette histoire-d’amour-jusqu’au-bout que nous revivons chaque année en approfondissant un peu plus le mystère. J’aime ces célébrations profondes et priantes, la grande table fleurie dressée au milieu de l’église du jeudi Saint, le silence de l’adoration, la vénération de la croix du vendredi, le feu nouveau de la Vigile pascale, les textes lus dans la tradition de l’Église depuis des millénaires.
Comme parent, j’aime à transmettre le goût et le rythme de cette liturgie à mes enfants, espérant qu’ils puissent y trouver Dieu, son immense Amour pour chacun en nous donnant son fils Jésus, et le prier… un peu.
Et voilà que cette année, nous sommes confinés, invités à vivre ces célébrations chez nous, en famille, sans l’aide de la communauté et des célébrations paroissiales…
Nous avons trois adolescents à la maison et nous ne prions malheureusement plus en famille depuis longtemps. Au début du confinement, quand mon mari et moi leur avons annoncé que puisqu’il n’y avait plus de messe, nous allions prendre des temps de prière en famille, vous pouvez imaginer leur rébellion, les yeux qui se lèvent, les soupirs, et autre what ? Avec quoi vous venez ?
Et pourtant malgré leur air blasé, leurs fous rires, ou leur affalement dans les fauteuils, ils sont venus et ont fini par respecter ces temps auxquels nous les invitions. Ne pas se fâcher, prier l’Esprit-Saint de venir les toucher, on ne sait jamais 😉
Suivant les propositions du Vicariat, aidés par les méditations de Vincent et d’Émile, nous avons lu le texte de la passion à 5 voix, nous avons fabriqué une grande croix pour le porche de l’Église, nous avons allumé le feu nouveau dans le jardin, admiré le ciel si pur de ce soir-là, lu la Genèse, l’Exode, chanté le psaume, partagé l’Évangile et prié chaque jour de cette semaine-là pour nos parents, tous les malades, les soignants, les personnes âgées seules dans leur chambre.
Ces temps de prière étaient loin d’être parfaits, mais nous les avons vécus, formant une petite église domestique, comme des milliers d’autres familles dans le monde.
La foi est un don de Dieu, mais les parents peuvent être un instrument de sa transmission. Cette semaine Sainte en confinement nous a permis de redire à nos enfants combien ce chemin de foi était important pour nous, particulièrement en ces temps de vulnérabilité de la planète toute entière. Nous avons pu leur montrer comment on pouvait se porter les uns les autres dans la prière, et leur partager que la compréhension des écritures demandait du temps et de l’échange comme pour les disciples sur le chemin d’Emmaüs.
Et si cette Semaine Sainte avait été si particulière que nos enfants s’en souviendraient toute leur
vie ?
Marie-Hélène Moulaert