« Sauveur », « Sauvé », « Salut ». Voilà des mots qui reviennent régulièrement dans les textes religieux, la liturgie et la théologie et qui pour moi méritent quelques réflexions, que se cache-t-il derrière ces mots ?
Sauveur, Sauvé.
Quelques images seront peut-être plus parlantes.
Regardons d’abord dans notre langage courant. Lorsque je recherche, par exemple, un document important que je dois rendre impérativement pour une date déterminée et qui me semble perdu, lorsque je le retrouve, je puis dire : « je suis sauvé ».
Si je tombe à l’eau tout en ne sachant pas nager et que quelqu’un se jette à l’eau pour me repêcher, je puis dire qu’il est mon sauveur.
Je suis seul ou en groupe. Nous nous promenons en montagne, le soir tombe et nous sommes perdus, avons froid et ne trouvons plus notre chemin. Une personne connaissant bien la montagne surgit, nous guide et nous remet sur notre route, sur le chemin de la vie. J’aime bien voir le Christ de cette manière.
Je pense également à cet exemple actuel d’Alexei Navalny qui retourne en Russie, sachant ce qui l’attend mais avec la foi qu’il a un message à porter quant à la liberté du peuple russe.
Autre image : nous sommes en guerre, l’armée est en déroute, elle fuit, bat en retraite et cherche à se regrouper derrière la rive d’un fleuve que l’ennemi franchira plus difficilement. Un pont uni les deux rives. Il faudrait le faire sauter. Le général demande un volontaire sachant que celui qui fera sauter le pont y perdra la vie. Le fils du général se présente comme volontaire. Voilà un sauveur de vies. L’ennemi est toujours là présent, mais moins présent, nous avons reçu des armes pour nous défendre. (Esprit). J’aime voir le Christ ainsi, il meurt. Mais Dieu est plus puissant que la mort, que le mal : le Père ressuscite Jésus. Voilà notre espérance.
Quand la bible, la liturgie ou la doctrine parle de « sauver », nous pourrions nous demander : sauver de quoi et dans quel but ? Sauvé du mal, du péché pour entrer au Jardin d’Eden, au paradis. Voilà le salut. Mais qu’est-ce que le paradis ? Ici je vous partage une vision personnelle qui vaut ce qu’elle vaut. Être au paradis c’est entrer, être participant à l’amour du Père, connaître la vie en plénitude. De même que Dieu est trinitaire, Père, Fils et Esprit, être au paradis, c’est entrer et être participant à cette trinité d’amour.
Quid avec le jugement dernier, le purgatoire et l’enfer ?
Dans ma vision, ce sera la présence de Dieu en moi qui me jugera, j’aurai une vision claire et une prise de conscience aigüe de ce qu’a été ma vie, de la manière dont j’ai utilisé les dons qui m’ont été confiés, du visage de Dieu que j’aurai déformé en moi, dans l’autre, dans la nature. Ce sera une sorte d’auto-jugement. Je voudrais relever cette phrase du « Notre Père » que je trouve terrible : « Pardonne-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Demander pardon aux autres pour le mal que je leur ai fait, souvent difficile, quel chemin. Demander pardon à Dieu pour son visage que j’ai défiguré en moi, dans l’autre et dans le monde. Apprendre à pardonner à ceux qui nous ont fait du mal, pour que le mal que nous avons généré nous soit pardonné. Le chemin du pardon, voilà le purgatoire et si je n’apprends pas à pardonner et à me pardonner, devant cet amour infini qui m’est donné, je risque de croire que ce n’est pas possible que je puisse accueillir et donner le pardon. Je suis rongé par le remord, voilà l’enfer. Dans la bible, notamment Caïn et Judas nous donnent peut-être une image de ce qu’est l’enfer.
Jean de Baenst.