Pâques…

J’aime beaucoup m’alimenter de ce que j’entends à l’église semaine après semaine. 

Non seulement j’y trouve des formules qui m’allègent l’âme, mais j’y trouve aussi de quoi inspirer mon intelligence de cœur et mon intelligence tout court.                                                

J’y trouve aussi des messages qui me dérangent ou qui provoquent en moi mille réactions allant du doute au jugement en passant par l’incrédulité au rejet ou à la joie de l’âme. 

« Ma » messe dominicale me sert de terreau pour alimenter ma réflexion à l’entame de la semaine qui s’annonce. 

Chaque messe a son lot de leitmotiv, de surprises et parfois même de formules « choc ». Imaginez : les sacrements, les dogmes, l’infaillibilité du pape, l’immaculée conception. J’en passe et des meilleures.

Pourtant, toutes m’intéressent a priori. Certaines parce qu’elles me dérangent et me poussent à m’interroger sur le pourquoi de ma réaction (infaillibilité du pape). D’autres me paraissent géniales et annonciatrices de la grande révolution humaniste : « aime ton prochain » (fondement de nos systèmes de droits modernes … les « droits de l’homme »). D’autres sont merveilleusement poétiques (l’immaculée conception : il y avait de cette pureté diaphane dans le regard de ma fiancée …). Les dernières enfin sont si proches de nos vies d’aujourd’hui : ma voisine vient d’accoucher et tous ses voisins, tels les « rois mages », sont allés très naturellement s’incliner devant ce « divin enfant », y allant chacun de son petit cadeau..    

Je ne reviens jamais bredouille de ma messe dominicale et cela justifie ma présence à celles-ci même quand je n’y comprends rien ou que je n’arrive pas à « capter » comme dirait ma fille. 

Pâques approche. Ah oui, Pâques. 

Voilà un bel exemple de mystère total à mes yeux, à ma raison, à mon cœur. 

Pâques … Pâques, cette « fête » basée sur des faits absolument barbares et insupportables à nos sensibilités humanistes. Un homme est cloué sur une croix et meurt … 

Rien que cette idée de crucifixion est absolument ignoble et nous renvoie aux traitements infligés arbitrairement par Daech à ceux qui lui résistent au Moyen-Orient. 

C’est cela qui me choque de manière épidermique dans la fête de Pâques, presque plus que l’espérance radicale qu’il annonce… 

Oh, je sais bien, c’était il y a deux mille ans, Rome, les armées de l’Empereur, « autres temps, autres mœurs » …

Mais surtout, il y a cet évènement anodin, et pourtant complètement inimaginable à la raison, presque « irrecevable » oserais-je dire : un homme meurt, on le place provisoirement dans une grotte gardée par des soldats.  Trois jours plus tard, des femmes de sa famille proche trouvent la grotte vide…. 

Le début d’un mystère spirituel qui entame son troisième millénaire… 

J’ai une bonne dose de patience et je suis prêt à entendre beaucoup de choses. J’avoue bien modestement que j’ai beaucoup d’affinités avec le Bon Dieu, avec certains saints et pères de l’Eglise. 

Jésus en revanche ?! Il est plus difficilement accessible pour moi! 

Mais alors pourquoi ma sœur Claire, religieuse de son état, aime-t-elle tant le Christ et ne jure-t-elle que par la Résurrection ? Elle a même le toupet de m’affirmer qu’elle attend sa propre mort pour retrouver CELUI qu’elle aime par-dessus tout ?!?! 

Il se fait que depuis son enfance, j’observe chez elle un « feu de Dieu » que je ne m’explique pas. Sans doute en suis-je même un peu jaloux… Pourquoi elle et pas moi… Moi, le tâcheron de Dieu dans une vie terre à terre alors qu’elle passe sa vie à chanter sa louange…. 

Claire y croit dur comme fer … Claire aurait-elle plus de clairvoyance que moi ? 

Or, elle n’est pas seule parmi les millions de croyants pendant plus de vingt siècles … qui considèrent Pâques comme la plus grande de leurs fêtes sacrées. 

Jésus … Pâques … Jésus …. Pâques ????  A quel saint me vouer pour y voir plus clair ? A quels écrits me référer pour m’indiquer des pistes qui puissent permettre la « possibilité de Pâques » en moi. 

Il y a une vingtaine d’années, pendant que ma fille barbotait dans la piscine d’un club de vacances, je m’installai confortablement sous mon parasol et me plongeai dans une biographie du Christ écrite au XIXe siècle par Ernest Renan. Cet historien vécut pendant deux ans en Terre Sainte pour y tenter de cerner la vie du Christ dans son contexte culturel et social. En contextualisant ainsi la vie de Jésus sans jamais juger ou n’émettre sa propre opinion, il fit grande impression sur moi : le Christ prit « corps » en moi au même titre que d’autres personnalités de l’histoire. 

Renan brosse un tableau de cet homme Jésus qui, avec un peu d’imagination, eut pu être un de mes contemporains, par son discours d’évidence … irrésistible … « aime ton prochain ». 

Pour le reste Renan nous laisse volontairement au seuil de nos interrogations … Fils de Dieu ? Fils de l’Homme ? Ressuscité d’entre les morts ? 

Que de mystères ! Nous sommes nombreux à nous dire nourris par une soif d’accès à la Transcendance… Marie : regardons nos mères de famille, et nous ne pouvons contester l’extraordinaire dans toute vie. Chaque enfant est œuvre de la CREATION.

Mais le Christ là-dedans ? Fils de Dieu ? Fils de l’Homme ? Quid de sa Mort ? Et de sa Résurrection ?! 

En en plus… ma propre sœur, que j’estime beaucoup, y croit dur comme fer ; en voilà un sacré argument d’autorité… 

En janvier, je suis allé saluer en clinique un ami le soir de sa mort : il était si présent… Aujourd’hui encore, je ne m’étonnerais pas de le croiser aux endroits où nous avions l’habitude de nous retrouver …  Je le sens tout près … 

Le Christ, on m’a annoncé qu’il est « ressuscité d’entre les morts » … Et cela fait deux mille ans que des hommes doués d’intelligence prêtent à cet évènement une IMMENSE attention. Ils en sortent retournés et cela change leur vie….  

Pour ce qui me concerne, je dois bien avouer ma perplexité, si non mon incrédulité !  … 

Ou à tout le moins ma prudence … au cas où ce serait tout de même vrai …. Et je ne voudrais pas rater ma part du « festin » … 

En conséquence, je prête grande attention à tout discours ayant trait au Christ. 

J’en retiens certains … Je retiens parmi d’autres la prédiction d’un archevêque de Vienne qui tint le propos suivant : « Ne cherchez pas à comprendre Pâques … Croire en la fête de Pâques, est une DECISION du cœur … Faites CONFIANCE en Pâques et laissez-vous porter par l’espérance » …. 

J’ai très envie d’adhérer…. 

Pâques, à mes yeux, et j’avoue ici ma pauvreté d’âme, c’est un peu comme ma perception de Saint-Nicolas au sortir de l’enfance … Maman m’avait expliqué … Pourtant, cinquante ans plus tard, il reste quelque chose en moi qui aimerait tant que Saint Nicolas …  

Il y a de cela dans mon rapport à la fête de Pâques à mes yeux, à mon cœur… Peu importe que j’y croie ou que je n’y croie pas … 

Cependant, au fond de moi, au fond de mon petit être … j’ai très envie … j’ai très envie d’y croire … j’espère … 

Et, c’est cette même intime espérance qui m’incline à penser et à agir, mû par une force qui toujours m’appelle.  

Pâques, serait-ce donc cette ESPERANCE chevillée à nos âmes dont le « souffle » nous pousse à nous lever, à nous relever, à y croire envers et contre tout, à renaître ? 

Que tout cela est étrange. 

Quel mystère que cette fête de Pâques !!

Je suis heureux pour ma sœur qui y croit de toute son âme … et qui chaque matin « bénit le ciel » du jour nouveau qui s’offre à elle. 

A nous ! 

Joyeuses Pâques ! 

Michel Wery.

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