Textes : Ap5, 1-10 ; Ps149, Lc19, 41-44
Jésus pleure sur la ville de Jérusalem à cause des malheurs que les habitants de cette ville vont connaître. Leur refus de l’accueillir, lui qui pouvait donner la paix est un grand malheur pour eux. Les larmes de Jésus disent tout son amour et toute sa douleur. Il aurait tellement aimé que sa paix soit reconnue et accueillie, mais il n’en a pas été ainsi. La catastrophe est arrivée en l’an 70, quand le temple de Jérusalem a été complètement détruit par l’ennemi.
Pourrions-nous dire que depuis lors, les habitants de Jérusalem et du monde entier ont été plus clairvoyants et ont accueilli le Prince de la paix ? Il ne semble pas. Depuis la catastrophe de la destruction du temple, le monde ne connait pas que la paix. Sans cesse, il est émaillé de guerres, d’épreuves et de catastrophes qui surgissent ici et là, les unes plus dévastatrices que d’autres.
Ont-ils perdu la paix, parce que celui qui pouvait la leur donner n’est plus là ? Non. Jésus ne s’est pas retiré définitivement au ciel, laissant le monde à lui-même. Il a promis qu’il restera avec eux jusqu’à la fin des temps (Mt 28, 19-20). Il a envoyé et donné aux apôtres la mission d’aller partout dans le monde et d’enseigner à observer tout ce qu’il a prescrit, baptiser ceux qui croiront en leur parole et de faire des disciples à leur tour.
Jésus qui donne la paix au monde est donc présent à travers sa Parole. Pour que cette Parole nous parle, nous pouvons prendre le temps de la lire paisiblement pour aller dans sa profondeur. Nous pouvons nous demander ce que ce texte veut nous dire et nous laisser toucher par lui. La Parole est aussi pour aujourd’hui. Elle nous remet en question et nous invite à la conversion toujours renouvelée pour ne pas nous reposer sur ce que nous pouvons prendre comme des certitudes. Ayons un cœur désireux de rejoindre la volonté de Dieu.
En plus de l’écoute de la Parole de Dieu, il y a d’autres démarches qui peuvent nous aider à reconnaître l’appel ou la présence de celui qui donne la paix. Il y a la prière silencieuse de chaque jour, les sacrements, les événements, nos désirs, nos rêves, les personnes que nous rencontrons sur notre chemin, etc. Dans tout cela, nous pouvons reconnaitre la présence de Jésus qui donne la paix. Cela demande évidemment que tous ces signes soient discernés. Quand nous n’arrivons pas à comprendre les signes que nous avons reçus, nous devons avoir l’humilité d’en parler avec des personnes plus compétentes comme les accompagnateurs spirituels.
Nous remarquons que Jésus a parfois laissé le soin de discerner et parfois, il a donné une réponse claire et nette à ceux qui cherchaient et ne comprenaient pas. A Jean-Baptiste qui avait envoyé deux de ses disciples pour demander à Jésus si c’était lui le Messie ou s’il fallait en attendre un autre, la réponse a été une invitation à découvrir ce qu’il faisait et de tirer lui-même la conclusion. « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Mt11, 5) ». En revanche, à la samaritaine que Jésus trouve au bord d’un puit et qui avait appris que le Messie annoncera tout ; Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle (Jn4, 26) ». On voit clairement que parfois il parle en métaphore, parfois il se révèle.
Dans le texte de ce jour, les larmes de Jésus n’étaient pas une lamentation fatale, mais une invitation de dernière instance à la conversion. Jésus avait opéré des miracles, il avait prêché et même menacé de malheurs ; mais rien n’y faisait. L’antienne de l’évangile nous dit : « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur (Ps94,8) ». En cette période troublée de crise sanitaire où l’ennemi nous encercle, nous presse de tout côté, nous fait craindre d’être anéanti, gardons nos cœurs ouverts pour reconnaître les signes que Jésus ne cesse de nous donner. Dieu vient nous visiter.
Amen.
Pour aller plus loin dans la méditation sur les signes de Dieu, une conférence qui a été donnée par Mgr Bruno Lefevre Pontalis à Notre-Dame de Paris le 23 mars 2014.
Référence : https://www.paris.catholique.fr/conference-de-careme-2014-rappelle.html
Abbé Emile Mbazumutima
Vicaire à la paroisse Saint-Nicolas de la Hulpe